Chronique d’une défaite annoncée

Inutile de nier l’évidence. La défaite est lourde et expose au grand jour notre constat d’échec. L’échec d’un parti qui finalement n’aura jamais réussi à parler de cette Europe aux Français. Un parti qui s’est tout simplement trompé de campagne en s'entêtant à la critique - pourtant fondée - du couple Sarkozy-Barroso. Un échec dont il faudra pouvoir tirer les conséquences pour enfin assurer le renouveau d’un parti qui se complaît aujourd’hui dans la simple dénonciation et oubli d’être avant tout une véritable force de proposition.

Le constat est amer pour les socialistes mais il convient pour chacun de s’abstenir de tout triomphalisme. Car plus que notre défaite ou celle du MOdem, c’est avant tout une défaite pour l’Europe et les Français. Personne ne peut en effet se satisfaire d’un scrutin dont l’abstention à atteint des sommets avec près de 60%. Personne ne peut ignorer qu’avec 28% des suffrages exprimés, l’UMP n’obtient la confiance de seulement... 10% des Français!

Nous ne pouvons bien entendu ignorer notre défaite quand bien même elle se couple à celle de la participation et plus particulièrement à la non participation des classes populaires. Il nous faut faire le constat de cette déroute, qu’il faut bien reconnaître, annoncée.

Ni le discours du Parti Socialiste durant cette campagne, ni la gestion chaotique du dernier congrès n’ont offert les bases solides à notre victoire.

Le Parti Socialiste s’est trompé de campagne. A force de ne parler que de Nicolas Sarkozy et de José Manuel Barroso, l’ensemble des français ont fini par ne plus percevoir le discours européen des socialistes. La déception est grande tant l’entreprise était belle et ambitieuse: réunis autour du Manifesto et d’un attachement réel à l’échelon européen, nos candidats incarnaient un projet dont la conception inédite a permit de réunir les socialistes et sociaux-démocrates des 27 pays membres. Inédit.

A côté de cela, l’image donnée du parti depuis le congrès de Reims n’a rien arrangé. Bien au contraire. Par ce vote européen, les électeurs de gauche ont renvoyé l’image divisée et indécise de notre parti. A force de vouloir concilier les lignes contradictoires notre parti a fini par diviser son électorat.

Alors, camarades, espérons que notre parti saura prendre la juste mesure de cette défaite qui bien plus que sur ce scrutin traduit le malaise dans lequel notre parti se morfond. Le pronostic vital du Parti Socialiste dépendra de sa capacité à agir et réagir...